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18 juillet — 6 septembre 2025

Cycle « Changement III » 2023 — 2025

Une affinité vécue avec le Saanenland

Fondateur du festival classique qui porte son nom à Gstaad, Yehudi Menuhin laisse dans les mémoires l’image à la fois d’un prodige du violon, d’un chef et d’un humaniste au rayonnement international. Son humanité lumineuse, ses multiples talents artistiques et sa curiosité sans cesse en éveil ont marqué son œuvre. Bourgeois d'honneur de Saanen, il fonde en 1957 le Festival qui fera entrer le Saanenland dans la légende. Deux facettes de son travail le faisaient particulièrement vibrer: l'encouragement de jeunes talents et la pratique de la musique entre amis.

Yehudi Menuhin: étapes

1916
Naissance le 22 avril dans une famille d'immigrants juifs russes à New York.

1921
Leçons de violon à San Francisco (sa préoccupation première: «Quand pourrai-je jouer avec vibrato?»).

1924
Le 29 février, première apparition sur scène comme élève de Louis Persinger, premier violon solo de l'Orchestre symphonique de San Francisco.

1927
Rencontre avec Georges Enesco. Premier concert à Paris avec l'Orchestre des Concerts Lamoureux.

1929
Le 12 avril, légendaire concert berlinois sous la baguette de Bruno Walter. Avec les trois Concertos pour violon de Bach, Beethoven et Brahms, il assoit sa réputation internationale d'enfant prodige.

1935
Tournée de 110 concerts dans le monde entier, qui le conduit à une crise artistique.

1938-45
Durant le Seconde guerre mondiale, il donne plus de 500 concerts pour les troupes alliées. Yehudi Menuhin devient un symbole de paix.

1957
Première apparition dans le Saanenland, le Menuhin Festival voit le jour. A la même époque, il est engagé comme directeur artistique du Festival de Bath.

1959
Enthousiasme grandissant pour la direction d’orchestre.

1963
Fondation d'une école de musique pour enfants à Stoke d’Abernon en Grande-Bretagne.

1969
Elu président du Conseil musical international de l'UNESCO.

1970
Bourgeois d'honneur de la commune de Saanen.

1977
Fondation de l'International Menuhin Music Academy (IMMA) – la Camerata Lysy quitte la Hollande pour Gstaad.

1979
Yehudi Menuhin reçoit le Prix de la paix des éditeurs allemands.

1993
La Reine d'Angleterre le nomme «Baronet of Stoke d’Abernon»: Sir Yehudi Menuhin devient Lord Menuhin.

1999
Décès le 12 mars à Berlin des suites d'une défaillance cardiaque.

UNE VIE REMPLIE DE MUSIQUE

Russe cosmopolite

Né en 1916 à New York dans une famille d'immigrants juifs russes, Yehudi Menuhin grandit à San Francisco. Elevé par des parents particulièrement exigeants pour ce qui est de l'exercice et de l'étude, il passe déjà pour un prodige de la musique. Sa vie durant, il sera nomade et cosmopolite, explorant le monde avec ses jumelles d’humaniste, d’entrepreneur et de musicien.

«Quand pourrai-je vibrer?»

Ambitieux et infatigable dans son travail, le jeune Yehudi se produit dès 1922 dans le cadre de concerts scolaires, avant d'intégrer l'année suivante la classe du très demandé Louis Persinger, premier violon solo de l'Orchestre symphonique de San Francisco. Le 29 février 1924, le petit bonhomme blond et rondelet fait sensation lors d'un concert de l'orchestre, s'ouvrant les portes une année plus tard du Scottish Rite Auditorium de San Francisco. En janvier 1926, il est invité à se produire en soliste au Manhattan Opera House de New York et fait ses débuts en mars avec l'Orchestre symphonique de San Francisco dans les Concertos de Lalo et de Tchaïkovski sous la baguette de son maître Louis Persinger. Recommandé par Persinger auprès du «maître du grand style» Eugène Ysaÿe, dont il suit une seule leçon à Bruxelles, le jeune Yehudi, dix ans, auréolé du succès retentissant de ses débuts parisiens, préfère se tourner vers le maître roumain Georges Enesco, avec lequel il rêve de travailler depuis tout petit. Celui-ci deviendra un mentor et presque un père pour lui, permettant à la famille Menuhin de se faire inviter à Sinaia, en Roumanie, dans la propriété de la famille princière Cantacuzène, où Yehudi entre pour la première fois en contact avec le folklore et l'univers bouillonnant des violonistes tziganes.

Premier grand concert en 1927, année du destin

En novembre, ses débuts au Carnegie Hall dans le Concerto de Beethoven avec Fritz Busch et l'Orchestre symphonique de New York, débouchent sur d'autres concerts et surtout un premier enregistrement pour Victor. À la suite de la tournée d'automne 1928, qui l'entraîne aux quatre coins des Etats-Unis, il se voit offrir par le mécène Henry Goldman le célèbre «Prince Khevenhüller» de Stradivari, qu'il emmène avec lui à Paris et dans les principaux centres musicaux à la suite de son deuxième tour d'Europe.

Le légendaire concert de Berlin du 12 avril 1929

Son interprétation légendaire de concertos des trois grands «B» – Bach, Beethoven et Brahms – aux côtés de Bruno Walter et de l'Orchestre philharmonique de Berlin, ainsi que sa rencontre à l'âge de treize ans avec le grand physicien et musicien Albert Einstein, appartiennent à l'histoire. Sa réputation prend alors une ampleur planétaire. Son professeur Enesco convainc sa famille de l'envoyer poursuivre sa formation auprès d'Adolf Busch, père de «l'école allemande de violon».

Etudes auprès d'Adolf Busch à Bâle

Au chapitre 18 de son livre The Menuhin Saga, intitulé «Bâle, Busch et de nombreux voyages (1929-1931)», son père Moshe Menuhin a décrit les nombreuses rencontres et contacts tissés durant ce riche séjour en Suisse, avec comme point d'ancrage la jolie maison de la Gartenstrasse 12. L'hiver voit le violoniste multiplier les concerts – il est en novembre 1929 au Queen's Hall de Londres avec Fritz Busch et l'Orchestre symphonique de Londres – et réaliser ses premiers enregistrements pour «His Master's Voice» (HMV): une exposition qui en fait le violoniste le plus en vue de son temps.

Une caravane de star sur les routes – Des concerts comme s'il en pleuvait

1931 est marquée par un nombre record de concerts et l'installation de la famille à Ville-d'Avray, près de Paris. Les enregistrements ne sont pas en reste, qui cristallisent l'attention: Concerto n° 1 de Bruch avec Landon Ronald et l'Orchestre symphonique de Londres, Concerto d'Elgar sous la baguette du compositeur en 1932 – qui demeure aujourd'hui un document de référence –, sans oublier Paris, où il immortalise le Double Concerto de Bach aux côtés de son professeur Georges Enesco et de l'Orchestre Lamoureux. Yehudi Menuhin a la réputation d'être l'artiste le mieux payé! Dès 1933, l'accession au pouvoir de Hitler conduit le pilier cosmopolite de la grande «caravane Menuhin» à renoncer à se produire en Allemagne. Mais les perles continuent à germer, à l'image des enregistrements en duo avec sa chère sœur Hephzibah au piano, la brillante lecture du Concerto de Beethoven en 1934 avec Arturo Toscanini et le New York Philharmonic, et les nombreuses émissions de radio aux Etats-Unis. Toutefois, si la popularité du jeune virtuose atteint des sommets, celui-ci demeure sous la coupe de ses parents et souffre de voir sa personnalité toujours plus à l'étroit.

1935: première crise artistique

L'harassante tournée mondiale de 1935, qui le conduit en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud et dans toute l'Europe, débouche sur une crise: douleurs en jouant, crampes, tension croissante au sein de l'étroit cercle familial, freinent l'ascension du jeune homme de 19 ans et l'emplissent de doute et de colère, malgré les dix-huit mois de vacances dans la nouvelle demeure familiale de Los Gatos, en Californie, et quelques succès tout de même, comme la création réussie du Concerto de Schumann en 1937. La solution va-t-elle surgir de la gent féminine, que le violoniste est loin de laisser indifférente?

Nola Nicholas: de l'amour à la rupture

Riche et charmant, Yehudi Menuhin tombe amoureux en 1938 de la jeune Nola Nicholas, sans se douter que cette inclination va bientôt le plonger dans les difficultés. Belle à ravir et plein de gaité, cette fille d'un millionnaire australien «roi de l'aspirine» ne résiste pas longtemps au tourbillon médiatique qui entoure l'enfant prodige du violon.
Pour pouvoir assister à un concert de Toscanini au Queens Hall Londres le 27 mai et placer ainsi sa lune de miel sous le signe de l'admiration commune du grand chef d'orchestre, Yehudi souhaite organiser le mariage le 26 mai déjà…Deux mois plus tard, l'heureux couple a la joie de voir lui succéder à l'autel la sœur bien-aimée du violoniste, Hephzibah, qui à 18 ans seulement convole en juste noce en Californie avec le frère de Nora, Lindsay – sans imaginer que les attend un douloureux retour sur terre…

Yehudi Menuhin accède au statut de symbole
1939: la guerre s'abat sur l'Europe – Menuhin devient père

La guerre surprend le jeune couple alors qu'il séjourne en Australie et s'apprête à accueillir son premier enfant, une fille prénommée Zamira, qui voit le jour le 29 septembre 1939. Tandis que Nola assume son nouveau statut de mère entourée de sa grande famille, Yehudi donne de nombreux concerts et enregistre beaucoup de disques avec sa sœur Hephzibah, qui gagne en ces terres lointaines une immense notoriété. 1940 voit l'arrivée d'un deuxième enfant déjà, un fils prénommé Krov. L'entrée en guerre des Etats-Unis en 1941 met fin à l'idylle australienne des Menuhin. D'abord relégué à l'arrière, Yehudi s'engage dans une immense tournée de concerts (près de 500 dates!) dédiés aux soldats de toutes les armées alliées, qui le voit sillonner l'Amérique latine en 1941, visiter l'Angleterre de manière aventureuse à la faveur de «concerts de guerre» en 1943 et pousser jusqu'au Pacifique, où il se produit en mars 1944 pour les troupes basées dans les îles Aléoutiennes et en juin à Hawaï.

Yehudi Menuhin et Diana Gould
Rencontre en septembre 1944

Que serait-il advenu de Yehudi Menuhin si en septembre 1944, en pleine crise personnelle, il n'avait pas croisé la route de la gracieuse Diana Gould, belle-fille de l'amiral britannique Sir C. Harcourt, de trois ans son aînée? Il trouve dans son amour pour Diana une force nouvelle: cet «ange placé sur son chemin», en partenaire avisée et généreuse, l'accompagnera sans faillir jusqu'à la mort dans sa carrière de rêve. Même si pour l'heure il ne s'appartiennent pas encore…
Peu de temps après la Libération, le maître se produit à Anvers, Bruxelles et Paris (où il joue pour la réouverture historique de l'Opéra). En 1944, il fait la connaissance à New York de Béla Bartók, qu'il considère comme le plus grand compositeur du 20e siècle: leur relation entrera dans l'histoire et culminera avec la création à New York de la Sonate pour violon seul, que Bartók dédie à Menuhin.

1945: Menuhin brille lors de l'assemblée constitutive de l'ONU à San Francisco

En avril 1945, Menuhin se produit lors de la Conférence de San Francisco (United Nations Conference) et prend part ainsi à l'assemble constitutive de l'Organisation des Nations Unies. Le citoyen du monde et philanthrope s'essaie au cinéma en incarnant Paganini dans The Magic Bow, dont il signe une brillante bande originale. En juillet 1945, il se produit avec Benjamin Britten pour les survivants du camp de concentration de Bergen-Belsen. On peut entendre à la même époque sur les ondes de la Radio de Hambourg les sonorités inédites du Concerto en ré mineur de Mendelssohn nouvellement redécouvert. Son premier voyage à Moscou est marqué par la rencontre de David Oïstrakh, qui deviendra un ami, alors qu'en cette année 1946 les concerts se multiplient (en particulier aux Etats-Unis) et qu'il enregistre le Concerto n° 2 de Bartók avec Antal Doráti. Mais tout cela n'est pas suffisant pour sauver son mariage avec Nola. La séparation est inévitable et en octobre 1947, juste après le concert Beethoven de légende avec Wilhelm Furtwängler à Berlin, il peut enfin épouser Diana.

Mariage heureux avec Diana Gould

Cette union de deux esprits indépendants et idéalement complémentaires, est à l'origine d'un fantastique engagement commun. Elle a pour fruits deux fils – Gerard, né en 1948 durant le Festival d'Edimbourg, et Jeremy, né en 1951 –, qui portent en eux les espoirs de cette nouvelle famille, ainsi qu'Alexis, qui meurt malheureusement peu après sa naissance en 1955. Les temps forts musicaux, comme la création de la Sonate de Walton, alternent avec de multiples engagements humanitaires: Menuhin critique publiquement l'apartheid sud-africaine dès 1950, il tente, comme juif et humaniste, de prêcher la réconciliation lors de son premier voyage en Israël malgré les tentatives d'attentat, il vit en mai 1951 son premier concert sur la scène du Royal Festival Hall de Londres en compagnie de sa sœur Hephzibah, qui s'est elle aussi remariée, avant de s'envoler pour l'Australie et la Nouvelle-Zélande, où son passage par la salle d'attente d'un chiropraticien le met en contact pour la première fois avec un écrit consacré au yoga. Il se produit également au Japon et s'engage dans une tournée humanitaire à travers l'Inde en faveur de la lutte contre la faim, qui place sur son chemin le Pandit Nehru et le célèbre joueur de cithare Ravi Shankar.

Menuhin devient citoyen du monde
Le yoga et la culture indienne

En 1952, sur recommandation du Pandit Nehru, Menuhin fait la connaissance du maître de yoga B.K.S. Iyengar, né en 1914. Son invitation à le rejoindre à Gstaad lors de son premier séjour estival en 1954, ancre durablement son attachement pour la culture indienne et sa passion pour les exercices de yoga. Après avoir renoncé en 1953 à tout voyage en avion, les premiers cours de violon qu'il donne en 1954 à Fontainebleau dans le cadre de l'Académie dirigée par Nadia Boulanger, font office de révélation: cette année charnière voit la naissance d'un pédagogue, qui depuis ce moment s'investira toujours plus intensivement dans la transmission de son art.

Les Menuhin s'installent en Europe en 1955 – Gstaad comme séjour favori

Brouillés avec ses parents suite à la publication de la biographie controversée de Robert Magidoff, les Menuhin décident en 1955 de quitter la Californie pour l'Europe, vivant alternativement à Londres, quelques semaines dans le Saanenland, dans les environs de Florence auprès d'amis pendant près de deux ans (entre 1958 et 1960), puis dès 1960 dans leur propre chalet baptisé «Chankly Bore», dans les environs de Londres, où ils apprécient également la saison hivernale. Yehudi trouve entre les voûtes uniques de l'église Saint-Maurice de Saanen, vantées par des amis très qu'Antal Doráti, un cadre idéal pour donner des concerts, et porte ainsi sur les fonts baptismaux en 1957, sous l'impulsion du directeur de l'office du tourisme Paul Valentin, ce qui deviendra le Gstaad Menuhin Festival & Academy.

Menuhin pédagogue et directeur de festival
Les débuts de l'engagement pédagogique

Touché par le virus de l'enseignement et convaincu de sa mission de «passeur de vie», les journées de Menuhin, en marge de son intense activité de concertiste, sont de plus en plus rythmées par l'écriture, la formation et le développement de ses deux festivals (à Gstaad dès 1957 et à Bath de 1959 à 1968). Il fonde en 1963, dans le cadre beaucoup plus vaste de Stoke d'Abernon, son Ecole Yehudi Menuhin, qui est aujourd'hui soutenue par l'Etat comme centre de formation pour la jeune élite des instrumentistes à cordes. Il ne ménage pas ses efforts non plus pour développer son festival dans le Saanenland, jouant et dirigeant avec un plaisir toujours plus grand des œuvres pour orchestre à partir de 1959, présentant en 1966 le premier opéra de Mozart, se laissant entraîner avec bonheur dans des sessions d'improvisation avec Ravi Shankar, ouvrant de nouvelles portes également à l'image de ses rencontre avec le violoniste de jazz Stéphane Grappelli. Après Granges en 1968 – là même où il a acquis la nationalité suisse –, il est fait bourgeois d'honneur de la commune de Saanen le 25 avril 1970. Les distinctions internationales pleuvent, tandis qu'il préside le Conseil international de la musique de l'Unesco de 1969 à 1975. Ses initiatives politiques impressionnent: en 1971, il intervient à Moscou en faveur de dissidents, donne des conférences, publie des livres. En 1974, il présente en première mondiale, aux côtés d'Edmond de Stoutz et de l'Orchestre de chambre de Zurich, le Polyptique que Frank Martin a écrit pour lui, fonde le Bermuda Festival et fait sensation en 1976 à Washington à l'occasion des célébrations du bicentenaire des Etats-Unis, en jouant pour le président Gerald Ford et la reine Elisabeth II.

Curieux de l'autre

Son intérêt pour les autres cultures et styles de musique le conduit à se produire à Gstaad en compagnie du maître indien de la cithare Ravi Shankar (en 1971 et 1975) et le virtuose du violon jazz Stéphane Grappelli, initiant des rencontres inédites extrêmement fécondes. Menuhin est en quête permanente de «la force rédemptrice contenue dans l'harmonie musicale». La méditation et les exercices de yoga sont essentiels à son être et, partant, à son art.

1977: apothéose avec «Live Music Now» à Londres et l'IMMA à Gstaad

1976 voit la publication simultanée de son autobiographie, baptisée Voyage inachevé, et de la série télévisée The Music of Man [La musique de l'homme] produite par la Canadian Broadcasting Corporation. Son 60e anniversaire est marqué par l'attribution de nouvelles distinctions. À la surprise générale, l'International Menuhin Music Academy (IMMA) déménage en 1977 avec la Camerata Lysy des Pays-Bas jusqu'à Gstaad et devient, sous la direction de son élève Alberto Lysy, l'un des joyaux de la scène culturelle des trois vallées (Pays-d’Enhaut, Saanenland, Obersimmental) et de la vie musicale gstaadoise. Le maître continue à sillonner le monde, crée de nouveaux concours pour jeunes talents, se rend en Chine en 1979, où il est fait professeur honoraire du Conservatoire de Pékin et recrute des étudiants pour l'IMMA. Malgré les difficultés financières, la réputation de ses festivals et de ses écoles ne cesse de croître. En 1982, il est fait président à vie du Royal Philharmonic Orchestra.

Le décès de Menuhin – une fin au sommet de son aura
1985: citoyenneté britannique et anoblissement de «Sir Yehudi»

Les années 1980 et 1990 voient les activités de Menuhin se concentrer sur Londres, la ville de Diana: en 1987, Sir Yehudi se voit décerner l'«Order of merit» par la Reine, et en 1993 il est fait Baron par cette dernière, accompagné du titre de «Right Honorable Lord Menuhin of Stoke d’Abernon». Le grand humaniste et musicien n'en poursuit pas moins son activité infatigable, dirigeant aux quatre coins du monde et créant en 1992 à Bruxelles la Yehudi Menuhin Foundation, destinée à porter ses visions humanistes. Le projet le plus important à voir le jour dans ces ultimes années est toutefois le programme de formation artistique «MUS-E®», actif aujourd'hui dans 12 pays et dont bénéficient quelque 70'000 enfants; il a été porté sur les fonts baptismaux en 1993 lors d'une conférence internationale organisée en marge du Gstaad Menuhin Festival. Menuhin demeure actif comme directeur artistique à Gstaad jusqu'en 1996, tout en consolidant son aura de citoyen du monde et d'humaniste couronnée d'innombrables lauriers. Il est particulièrement fier de la première réunion de son «Assemblée des Cultures», «Parlement culturel» destiné à œuvrer pour la paix initié dans le cadre de ses activités au sein de l'Unesco. Il décède subitement le 12 mars 1999 à Berlin – une année seulement après sa mère Marutha, partie centenaire en 1998 –, alors qu'il se trouve en tournée avec le Sinfonia Varsovia. Un cœur bon et infatigable cesse de battre quelques jours avant son 83e anniversaire.

Citations de Yehudi Menuhin

«A Gstaad, je me sens comme à la maison. J'ai créé là un petit festival de musique dans la merveilleuse petite église de Saanen…»

«Un mode de vie qui exclut le royaume de l'inconnu et du mystère n'est pas en harmonie avec la vie elle-même.»

«Chaque instant de la vie est un nouveau départ, une fin et un commencement, une convergence des fils et une séparation.»